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"C'était un vendredi soir. J'avais neuf ans et regardais King Kong à la télévision. Cette nuit-là, je compris ce que je voulais faire dans la vie." C'est ainsi que Peter Jackson, réalisateur de la trilogie du Seigneur des Anneaux, se souvient des prémices de sa vocation.
"La version originale de King Kong (1933) me permit d'éprouver pour la première fois la capacité d'un film à vous extraire du monde réel et à vous propulser dans un univers dans lequel vous ne pourriez jamais aller. J'étais totalement fasciné par le voyage à l'île du Crâne, la poursuite de King Kong et le combat contre les dinosaures ! C'est alors que j'ai su que je voulais réaliser des oeuvres qui auraient sur les spectateurs l'effet que ce film-là avait eu sur moi."
Bien des années plus tard - ayant vu King Kong une bonne quarantaine de fois - , il fut question que Peter Jackson en fasse une nouvelle adaptation. Ce projet ne vit jamais le jour et, s'il avait pris corps, l'aurait sans doute empêché de réaliser la trilogie du Seigneur des Anneaux.
Jackson naquit à Wellington (Nouvelle-Zélande) le 31 octobre 1961, le jour de la fête d'Halloween, moment approprié s'il en est pour un réalisateur ayant un penchant pour le fantastique. Enfant unique doté d'une imagination fertile, il se plongeait dans la Fantasy partout où il en rencontrait : livres et bandes dessinées, films, télévision.
A cinq ou six ans, Peter Jackson regardait avec avidité Thunderbirds, série britannique sophistiquée de marionnettes, conçue par Gerry et Sylvia Anderson. Jackson se souvient avoir été "captivé par le navettes spatiales et les merveilleux effets spéciaux".
S fascination pour l'animation image par image utilisée dans King Kong l'amena à découvrir les films de Ray harryhausen tels que le mémorable Jason et les Argonautes et, lorsque ses parents lui achetèrent une caméra super 8, il commença d'emblée à créer ses petits films fantastiques.
Inspiré par les animaux préhistoriques de King Kong et par les créatures mythiques des films de Harryhausen, Jackson fabriqua et anima ses propres dinosaures en argile dans un petit film consacré à un monstre détruisant une ville dans le style du Monstre des temps perdus de l'auteur de Jason et les Argonautes. Le film participa à une compétition locale que le jeune homme ne remporta pas, mais qui décida de sa vocation.
Jackson se sentait de plus en plus attiré par la réalisation de films d'action : à seize ans, il décida de tourner un film de vampire, utilisant ses amis pour jouer les différents rôles, se réservant le rôle principal de tueur de vampires ! "Le film était basé sur les films d'horreur de Hammer joués par Cristopher Lee et Peter Cushing que j'avais vus dans mon adolescence, évoque-t-il. J'aimais l'idée de faire des films basés sur - ou inspirés par - d'autres que j'avais aimé regarder."
Après avoir quitté l'école, Jackson était devenu apprenti photolithographe, mais sa volonté de rentrer dans le monde du cinéma était inébranlable et, à vingt ans, il avait économisé assez d'argent pour s'acheter un caméra 16 mm (d'occasion, à 250 $ néo-zélandais). Il passa dès lors ses week-ends à réaliser des films d'amateur. Son travail lui permettait d'acheter des pellicules pour ce que Jackson qualifie de "loisirs très coûteux", enrôlant ses collègues pour le casting, aux côtés d'amis déjà apparus dans son film de vampires.
"Ils m'ont tous aidé, se souvient Jackson et, en quatre ans, nous avons terminé un film intitulé Bad Taste. Bien qu'il s'agisse d'un film d'amateur, il me permit de quitter mon travail et de devenir réalisateur à plein temps." Un de ses amis travaillant dans l'industrie cinématographique lui dit que Bad Taste - qui regorgeait d'humour noir avec une bonne dose d'effets spéciaux amateurs - pourrait être commercialement viable. Une présentation au Festival de Cannes lui valut des louanges et des prix, et Bad Taste devint une sorte de film culte.
Au cours des années suivantes, Jackson produisit des projets divers témoignant d'un goût étrange pour le bizarre, allié à une vision de réalisateur exceptionnelle : Meet the Feebles, récit des dessous de spectacles de marionnettes ; Braindead, film de zombies comportant autant de rires que de frissons, qui se termine dans un bain de sang ; Créatures Célestes, récit d'un meurtre qui se déroule dans un monde intermédiaire entre la réalité et la fiction ; Fantômes contre fantômes, un film avec une touche d'affectation et une bonne dose d'effets spéciaux.
"Si je cherchais des points communs entre les films que j'ai réalisés, analyse Jackson, je dirais d'abord que j'aurais aimé être le spectateur de chacun d'entre eux et qu'ils sont remplis d'effets spéciaux. Enfin, ils sont fortement marqués par des personnages et un scénario solides."
La passion affirmée de Jackson pour une véritable histoire avec des personnages ainsi que sa maîtrise des effets spéciaux l'avaient mis en bonne position pour faire passer l'épopée de Tolkien sur grand écran.
"La trilogie du Seigneur des Anneaux constitue sans doute le point culminant de tous les films que j'ai réalisés, affirme-t-il. C'est de loin le projet le plus vaste que j'aie jamais entrepris et qu'il m'aurait été impossible de faire plus tôt. Après quatre ou cinq films, je sais ce dont je suis capable, y compris la maîtrise des effets spéciaux - ceux-ci pourraient aisément faire passer l'histoire au second plan. Et puis il y a tout mon passé : cette fascination pour l'alliance du fantastique et du réel qui commença quand j'avais neuf ans et que je regardais, subjugué, King Kong...
"J'ai lu pour la première fois Le Seigneur des Anneaux à dix-sept ans, se souvient Jackson. En tant qu'apprenti photolithographe, j'ai dû aller de Wellington à Auckland pour une formation de six semaines. Le voyage en train durait douze heures, j'ai donc emporté avec moi Le Seigneur des Anneaux pour passer le temps."
Le livre eut une effet immédiat sur le jeune Jackson : "J'ai pensé tout de suite : "Ca va être dur d'attendre jusqu'à ce que quelqu'un en fasse un film car j'adorerais le voir." J'ai donc attendu une vingtaine d'années et comme personne n'avait fait le film de mes rêves, je me suis résolu à le faire moi-même ! "
C'était en 1995, Peter Jackson et Fran Walsh terminaient Fantômes contre fantômes et envisageaient les projets à venir. "Une adaptation du Seigneur des Anneaux fut évoquée, raconte Jackson. J'avais encore bien en mémoire le livre lu vingt ans plus tôt et j'étais toujours convaincu qu'il serait excellent à l'écran. Simplement, je ne comprenais pas pourquoi personne ne l'avait déjà fait."
A force de se poser des questions, Jackson décida d'en avoir le coeur net et de découvrir à qui appartenaient les droits et si quelqu'un avait un projet en cours. Les droits du livre appartenaient à Saul Zaentz, qui en avait fait l'acquisition à la fin de la vie de Tolkien et avait produit en 1978 un film d'animation basé sur ses histoires.
A cette époque, Zaentz travaillait à la MIramax sur Le Patient anglais et, comme Jackson était lié à la même compagnie, une conversation téléphonique avec Harvey Weinstein en entraîna une autre entre Weinstein et Zaentz. De là, explique JAckson, les évènements se sont succédés, et nous avons fini par concrétiser l'idée de faire le film."
Alors que la Miramax avait d'abord envisagé le projet sous la forme de deux films, la direction opta finalement pour un unique long-métrage de trois heures. Mécontent de cette offre, Jackson chercha un autre partenaire, et New Line Cinema s'engouffra courageusement dans la brèche, acceptant de produire trois films. Jackson avait le feu vert pour adapter la trilogie de Tolkien sur le grand écran, mais il se trouvait confronté à une énorme défi qu'il allait bientôt relever pour notre plus grand bonheur.